L’effet Dunning-Kruger.

juin 2021

 

Les biais cognitifs sont une catastrophe pour la prise de décision. Nous en avons déjà expliqué quelques-uns mais il en existe énormément. L’effet Dunning-Kruger fait justement partie de ces biais cognitifs.

Nous allons le définir, voir comment il peut impacter ta prise de paris et débattre sur le rôle de la compétence sur le marché des bookmakers.

 

C’est quoi ?

 

L’effet Dunning-Kruger est un biais de surconfiance. Il a été constaté par deux psychologues en 1999 : Dunning et Kruger.

Leur étude prouve que plus une personne est incompétente sur un sujet, plus elle aura confiance en ses compétences.

À l’inverse, une personne très compétente aura tendance à douter de ses capacités alors qu’elle sera experte dans son domaine.

 

Ça te rappelle quelqu’un ? « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». Socrate n’avait sans doute pas prévu d’être cité dans un article autour des paris sportifs.

 

Le point de départ de leur expérience est plutôt original. En 1995, un individu avait braqué deux banques le visage enduit de jus de citron. Il expliquera plus tard qu’il était persuadé que le citron le rendait invisible pour les caméras de surveillance. Une certitude ancrée en lui mais plutôt surprenante.

 

Quel impact sur tes paris ?

 

Ce biais cognitif a évidemment une multitude d’applications possible dans la vie quotidienne. En économie, en science, en politique, de nombreuses personnes clament haut et fort leurs certitudes tout en étant totalement ignorantes.

 

Le domaine du sport et des paris sportifs n’y fait pas exception. Les chaines de télévision se sont d’ailleurs spécialisées dans le recrutement d’anciennes stars de sport pour donner leur avis sur les matchs. Peu sont pourtant compétents.

 

Cet effet est presque dangereux du point de vue des paris sportifs. Un individu ayant par exemple regardé quelques séquences d’un match, lu quelques articles sur un sujet tactique aura beaucoup plus de certitudes sur l’issue d’un match qu’un spécialiste ayant creusé le sujet en profondeur.

Il n’aura pourtant sans doute pas eu le temps de trouver ou de voir des contre-arguments à ce qu’il a observé de prime abord. Il partira alors très confiant sur sa première décision. Malheureusement celle-ci sera sans doute fausse.

 

Beaucoup de fans de sports, ne regardant que quelques matchs par an, auront aussi de grandes certitudes à l’approche des compétitions internationales. Les spécialistes doivent d’ailleurs souvent sourire en entendant certains commentaires autour de l’Euro 2020 qui se tient actuellement.

 

Il n’y a malheureusement pas de solution miracle pour sortir de cette spirale de surconfiance. Tu dois surtout être capable de te remettre toujours en question. Il faut prendre le temps de chercher des arguments inverses à ce que tu avances plutôt que de tomber dans le biais de confirmation. Ce biais qui te fait chercher des arguments uniquement en faveur de tes croyances.

Sois curieux, ouvert, parle autour de toi. Demande des avis, lis des analyses contraires pour te faire ta propre opinion.

 

Sache enfin, que si tu es sûr de toi après la lecture d’un article de 5 minutes, tu gagneras par la chance ou tu perdras par incompétence.

 

Le paradoxe de la compétence.

 

Puisque nous sommes sur le sujet de la compétence, il est judicieux de traiter d’un paradoxe mis en évidence par Michael Mauboussin. Ce-dernier met en avant une théorie qui pourrait faire fuir certains parieurs : celle du paradoxe de la compétence.

 

Il affirme que la montée en compétences progressives de l’intégralité d’une population tend à réduire les écarts de compétences entre les meilleurs et les moins bons. En effet il est plus long de découvrir de nouvelles théories que d’en apprendre d’anciennes.

 

Appliquée aux paris, cette théorie vient demander un effort supplémentaire aux meilleurs parieurs. Les paris étant un mélange de chance et de compétences, si les compétences générales augmentent et s’égalisent, cela signifie que la part de chances sera de plus en plus importantes dans le résultat d’un pari.

Les cotes seront de plus en plus efficientes et il sera de plus en plus difficile de tirer un bénéfice sur le long terme.

 

Alors, est-il judicieux de rendre publiques ses compétences en tant que parieur ?