Loïc, associé-gérant du site Coteur, est venu rencontrer Wandrille, cofondateur d’HoB.

octobre 2021

 

Loïc, associé-gérant du site Coteur, est venu rencontrer Wandrille, cofondateur d’HoB.

 

Après s’être demandé s’il fallait utiliser le site Coteur, Wandrille a interviewé Loïc pour en discuter de vive voix. Ce nouveau format oral permettra de mieux échanger avec différents acteurs du marché des paris sportifs. Il est disponible sur les différentes plateformes de podcasts : Spotify ou Apple

 

Quel est le parcours de Loïc ?

 

Loïc a un parcours d’étudiant en finance avant de se plonger dans les paris sportifs. Il est d’abord rédacteur d’articles pour différents sites gravitant dans le marché avant de passer sur Coteur.

 

Comment fonctionne Coteur ?

 

Loïc s’associe avec le fondateur il y a un peu plus d’un an. Son travail là-bas est du côté commercial : rédaction d’articles, marketing, développement et suivi des partenariats. Son associé travaille sur la partie technologique du site : les flux de cotes, le SEO, etc.

 

L’équipe a évidemment conscience du délai d’actualisation des cotes entre Coteur et les bookmakers. Il est extrêmement difficile de ne pas en avoir du tout et ils ont essayé de réduire ce délai au maximum.

Pour éviter tout problème ou toute mauvaise surprise, chaque parieur doit avoir comme règle de base de vérifier toutes les cotes directement sur les bookmakers avant de placer un pari.

 

Il a pu arriver que les associés soient en désaccord avec leurs utilisateurs quant à l’ajout d’une fonctionnalité en particulier. Certains ont par exemple demandé d’ajouter la possibilité de moduler les bookmakers qui s’affichent dans le comparateur de cotes. En effet, tout le monde n’est pas inscrit sur tous les bookmakers et il n’est pas utile de recevoir des alertes pour des bookmakers qui ne sont pas les nôtres.

 

C’est le genre de situation ou les associés sont partagés entre leur vision des paris et les demandes potentiellement plus récréatives. En effet, Loïc essaye d’encourager les parieurs à prendre de bonnes habitudes. Pour lui, chaque parieur doit être inscrit sur tous les bookmakers pour plusieurs raisons. La première est celle de profiter de tous les bonus disponibles sur le marché et la deuxième est le fait de pouvoir toujours valider la meilleure cote disponible.

 

Cette affirmation est évidemment à tempérer puisque tous les joueurs n’ont pas la bankroll pour être inscrit sur tous les bookmakers et il ne faut pas oublier que nombre de joueurs parient pour le plaisir.

 

Quel bilan tirer de la communauté Coteur ?

 

Pour Loïc, il est de plus en plus difficile de faire vivre une communauté sur un site Internet avec un forum classique. Les utilisateurs se tournent désormais vers des réseaux comme Télégram ou Discord. C’est pour ces raisons-là que le forum n’est plus très actif.

 

Il est cependant possible d’activer les notifications Coteur (à la fois pour le forum mais aussi pour les autres fonctionnalités du site) sur son portable. Si jamais elles ne marchent pas, il ne faut pas hésiter à contacter l’équipe directement sur leur site ou sur les réseaux sociaux.

 

Quelle est leur politique d’affichage de cotes ?

 

Lorsque que Coteur signe un partenariat avec un bookmaker, le flux de cotes fait toujours partie du deal.

 

L’objectif pour eux est d’avoir tous les paris possibles et toutes les cotes. Cependant, ils se heurtent à un problème majeur qui est celui du tri de la donnée entre tous les bookmakers.

 

Il faut savoir que chaque bookmaker a une dénomination précise pour les compétitions, les équipes, les joueurs. Si un acteur récupère des données chez eux, il faut donc les harmoniser. C’est par exemple ce que nous faisons chez House of Bets pour que les paris football de Betclic et ceux d’Unibet tombent dans la même catégorie de statistiques détaillées.

 

Coteur se heurte au même problème. Il est donc très compliqué de proposer l’intégralité des cotes récupérées.

Le meilleur exemple est celui des buteurs : Ronaldo, Cristiano Ronaldo, C. Ronaldo, Ronaldo C. sont autant de manière d’appeler un même joueur.

 

Cette partie, appelée référentiel, nécessite du temps et beaucoup de travail pour être fiable à long terme. L’objectif pour eux est et restera toujours d’afficher le plus de cotes possibles.

 

Comment fonctionnent les partenariats avec les bookmakers ?

 

Tous les partenariats avec les bookmakers sont évolutifs. Certains arrivent et repartent, d’autres sont là pour le long terme. Il n’y a pas de règle immuable.

 

Certains bookmakers sont surpris du fonctionnement du marché français car il est très différent des autres marchés européens. Les sommes sont différentes, la dépendance également. Malgré toutes nos critiques envers les institutions, le parieur français est sans doute le parieur le mieux protégé du monde.

 

Les pays étrangers ont par exemple autorisé les « shops ». Ce sont des boutiques physiques dans lesquelles il est possible de passer des heures pour parier (en live ou en pré-match) et de regarder des matchs.

 

Coteur est un site gratuit. Les bookmakers et leur publicité sont donc des partenaires-clefs de leur rentabilité. Il est important d’avoir en tête cette différence entre les services payants qui n’ont pas besoin de publicité pour vivre et les modèles gratuits qui doivent tout de même être rentable et donc utiliser la publicité.

 

Tous les bookmakers ne fonctionnent pas de la même manière. Les gros et les plus populaires sont généralement les plus abordables car ils ont une structure importante pour gérer l’affiliation et leur relation avec les partenaires. Cependant certains « petits » bookmakers comme Netbet ou BarriereBet font de réels efforts pour s’intégrer sur le marché. Ils jouent le jeu des bonus, de la disponibilité, des concours, etc.

 

Théoriquement l’affiliation peut fonctionner sous deux formats : par CPA (coût par action) ou par RS (revenue share en anglais, partage de revenus en français).

Le CPA permet d’être rémunéré une fois lorsqu’un joueur s’inscrit. Le RS est une manière de récupérer une partie des pertes du joueur sur le bookmaker, c’est un partage des bénéfices entre le bookmaker et le partenaire.

 

Le RS est très règlementé en France et il vaut mieux l’éviter. Le choix de Coteur se porte toujours sur la commission fixe (le CPA).

Il faut savoir que la situation est très différente à l’étranger. Dans de nombreux pays le RS est la seule possibilité d’affiliation et dans le cadre d’un partenariat entre un tipster et un bookmaker, elle pose des problèmes éthiques.

 

Coteur essaye réellement d’être dans un juste équilibre entre les parieurs et les bookmakers. Il faut à la fois fournir des services de qualité aux parieurs pour les aider mais il faut également aider les bookmakers dans leur campagne de recrutement de nouveaux utilisateurs.  

 

Comment réguler la publicité sur les bookmakers en France ?

 

La publicité pour les bookmakers est le sujet majeur de cette rentrée 2021. Nous avons été bombardés de publicités pendant l’Euro, pendant les Jeux Olympiques et lors de la reprise des championnats.

L’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a lancé une vaste enquête auprès du grand public pour récolter des avis sur ce matraquage publicitaire. Le questionnaire est disponible à cette adresse : https://anj.fr/publicite-et-jeux-dargent-lanj-lance-une-large-consultation-publique. On sent qu’une réflexion se pose au niveau des institutions sur le manque de règlementation à ce sujet-là.

 

Pour Wandrille, la priorité est de faire respecter aux bookmakers les lois qui existent déjà. Une charte existe pour éviter les dérives des spots publicitaires. Théoriquement les bookmakers ne doivent pas glorifier le pari, lui conférer une certaine image de réussite sociale. Ils ne doivent pas faire croire que les paris sont un moyen de gagner sa vie ni un moyen de devenir millionnaire facilement.

Si ces règles étaient déjà respectées, la sphère publicitaire serait déjà beaucoup plus saine. Or ce n’est clairement pas le cas et les exemples fleurissent de bookmakers qui franchissent toutes ces lignes rouges.

 

Loïc a également été choqué pendant l’Euro de la quantité de publicités diffusées sur tous les canaux. Cependant, il fait une différence entre la publicité dans la rue ou le métro et la publicité à la télévision pendant les matchs.

La publicité dehors doit être règlementée car elle est à la vue de tout le monde. Les enfants, les adolescents, les individus non intéressés par le sport sont tous victimes de cette publicité oppressante.

À la télévision la situation est différente car le public cible est plus présent. C’est généralement le portrait-type du parieur qui sera devant un match de football un soir de Ligue des Champions.

 

Il y a eu trop de publicités. La plus grande critique qui peut être faite aux bookmakers est le fait qu’ils visent un public jeune, trop jeune. Ce sont souvent des étudiants qui sont mis en scène. En effet, les sites de paris en ligne visent la première inscription qui intervient généralement très tôt pour les nouvelles générations.

La tranche d’âge 25-40 ans est pourtant très intéressante pour la simple et bonne raison que ce sont généralement des personnes plus aisées. C’est l’âge du premier emploi, du premier salaire et les premiers enfants arrivent de plus en plus tard.

 

Les publicités encouragent également les comportements de mauvais parieurs. Elles glorifient le fait de parier en live, de gagner grâce à des buts à la dernière minute, de faire de très gros combinés pour être riche en quelques heures. Bref, tous les codes du parieur perdant sont repris.  

 

Si une règle pouvait être édictée par Loïc, il n’autoriserait pas plus d’une publicité par séquence à la télévision. Un bookmaker mis en avant au début du match, un pendant la mi-temps et un à la fin. Mais il faut mettre un terme à l’enchainement de publicités pour 3-4 bookmakers à la suite.

 

Doit-on utiliser l’exemple Pronoclub pour légiférer sur la publicité ?

 

Pronoclub est un site à l’origine d’une vaste escroquerie. Sur un modèle de plateforme de mise en relation entre tipsters et parieurs, ils ont collecté l’épargne de particuliers en faisant croire à un fonds d’investissement agrémenté par l’AMF et garantissant 10% d’augmentation mensuelle de capital.

 

Le Parisien en a fait une série d’articles ainsi qu’un podcast pour résumer l’affaire : https://podcasts.leparisien.fr/le-parisien-code-source/202109221536-pronoclub-recit-dune-arnaque-record-aux-paris-sportifs.html.

 

Pronoclub a pu faire des campagnes de publicité massives à la télévision sur des grandes chaines françaises l’Euro 2021, ils ont également pu faire un affichage dans le métro parisien dans une station des Champs-Élysées.

Il serait intéressant de savoir qui autorise ces publicités, qui surveille ces publicités. Comment est-ce possible d’avoir une arnaque évidente, et annoncée par de nombreux acteurs du marché depuis plusieurs mois, affichée en grand écran dans le métro ?

 

Loïc et Wandrille craignent que l’histoire Pronoclub serve de fondation à une législation dure et extrême. Loïc tempère cependant cette affirmation en expliquant qu’une loi se doit d’être générale lors de sa promulgation avant de s’affiner ensuite à l’épreuve de la réalité.

 

L’affaire Pronoclub met cependant en avant les limites d’un système de communication classique et bling-bling : une grosse voiture, un influenceur, des revenus très élevés. Malheureusement cette manière de fonctionner existe depuis des années et continue de faire mouche auprès de sa cible.

 

Coteur a conscience d’être à l’opposé de cette communication agressive. C’est à la fois une qualité mais également un manque de modernité qui les prive d’un trafic important. Pour que les parieurs découvrent les sites sérieux, ce sont à ces-derniers de faire des démarches communicatives innovantes.

Les Coteur, HoB & consorts doivent apparaitre sur les réseaux sociaux. Nous devons rentrer dans une démarche de visibilité pour faciliter la vie des nouveaux joueurs. Le plus dur sera de trouver un équilibre entre communication agressive et présence saine.

 

--------

 

Cet article est un résumé de la discussion entre Loïc Chaoudour (associé-gérant du site Coteur) et Wandrille Goubet (cofondateur de House of Bets).

 

Tu peux écouter l’intégralité de l’interview sur Spotify ou Apple.