Trois réformes indispensables aux paris sportifs en France.
Ouvert en 2010, démocratisé depuis quelques années, en croissance exponentielle depuis quelques mois, le marché des paris sportifs n’a pas encore le cadre juridique suffisant et adapté à son potentiel.
Trois réformes semblent à nos yeux être primordiales pour satisfaire la demande des parieurs et contribuer à une croissance saine.
Mieux contrôler la communication des bookmakers.
Lorsqu’une personne physique ou morale candidate afin de devenir affilié à un bookmaker, elle doit signer une charte. Cette charte a été rédigée par l’AFJEL (Association Française du Jeu en Ligne).
Parmi les points abordés par cette charte, un en particulier mérite notre attention : « dévaloriser ou dénigrer les publics qui ne jouent pas, ou inversement, conférer une quelconque forme de supériorité à ceux qui jouent ».
Il est surprenant de demander aux affiliés un tel contrôle sur leur communication quand la majorité des bookmakers confèrent justement aux parieurs des valeurs comme le « respect » lorsqu’ils arrivent à passer une grosse cote. Ne serait-ce pas là une forme de supériorité pour les joueurs osant prendre des risques ?
La communication des bookmakers gagnerait à être mieux encadrée. Les campagnes de publicité disponibles sur les réseaux sociaux, à la télévision ou sur la voie publique encouragent le jeu dans son mauvais sens.
Elles prônent une consommation excessive, fondée sur la chance et la possibilité de devenir riche du jour au lendemain.
La communication sur les histoires personnelles de gagnant d’un combiné avec une cote délirante en est le meilleur exemple. Est-il encore utile de rappeler que plus une cote est élevée moins la probabilité qu’elle soit gagnante est grande ?
Les bookmakers incitent les joueurs à avoir une pratique de jeu déconnectée de toute éducation. Quoi de plus logique quand on sait que cela accroit leur bénéfice ?
Il est nécessaire de mieux sensibiliser au risque en rappelant non pas que tous les gagnants ont tenté leur chance mais qu’il est indispensable d’avoir plusieurs millions de tentatives pour avoir un gagnant.
Où est l’égalité entre la communication agressive d’un bookmaker et l’incapacité pour un tipster faisant correctement son travail de pouvoir communiquer sur son expertise ?
Le deuxième point concernant la communication agressive des bookmakers concernent leur communication ciblée auprès de leurs clients.
Comme tu le sais sans doute déjà, les bookmakers trient leurs joueurs en fonction de leur capacité à perdre de l’argent, les parieurs perdants étant évidemment les meilleurs clients.
Ces parieurs perdants sont la cible de campagne mailing les encourageant encore et encore à déposer de l’argent et à le perdre sur des combinés extravagants. L’immense majorité des joueurs perdants reçoivent des promotions pour doubler leur dépôt en paris gratuits par exemple. Les parieurs gagnants sont malheureusement souvent délaissés de ce genre de mail accueillant.
Ne serait-ce pas une manière d’encourager la dépendance ? Il est bien évidemment normal que les bookmakers cherchent à faire croitre leur chiffre d’affaires. Ils prendraient sinon le risque de mettre la clef sous la porte. Il serait cependant de bon ton de cadrer cette communication pour qu’elle n’encourage pas des joueurs dépendants à redéposer.
Augmenter le TRJ moyen légal.
La loi française impose aux bookmakers un TRJ moyen maximum de 85%. La raison officielle ? Éviter de donner trop d’espoir aux joueurs concernant les gains et limiter la dépendance.
Ce texte contredit toutes les lois mathématiques, psychologiques, marketing, économiques possibles.
Comment un bookmaker limité à un TRJ de 85% peut-il affronter la concurrence des autres bookmakers, notamment étrangers ? Impossible.
Comment un TRJ baissé artificiellement peut-il limiter la dépendance ? Les joueurs ne feront que rajouter des sélections à leur combiné afin d’atteindre le gain souhaité. Ils diminueront de ce fait, leurs chances de gains. Leur frustration augmentera et cette frustration est le terreau de la dépendance.
Comment un bookmaker peut-il être rentable lorsqu’on lui impose des conditions défiant toute logique et l’empêchant de faire son travail correctement ?
Il est temps de mettre fin aux limitations concernant le TRJ.
Interdire les limitations.
Il y a quelques jours un parieur espagnol ayant porté plainte a obligé Betfair à lever les limitations de mises sur son compte joueur. Il y a quelques années, un parieur français a obtenu gain de cause face à la FDJ pour être payé de son erreur de cote. Ce sont des pas dans la bonne direction mais qui sont encore trop petits.
Est-il normal qu’un bookmaker puisse encourager un joueur perdant à perdre toujours plus mais puisse dans le même temps limiter, voire exclure, un joueur gagnant ?
Les parieurs devraient tous être logés à la même enseigne concernant les limites de mises. Je te laisse imaginer l’effet que ferait une grande enseigne alimentaire doublant le prix de ses légumes pour certains de ses clients.
Si des limites de gain sont imposées, faudrait-il imposer des limites de pertes ?