Quelles sont les nouvelles règles testées dans le Super Rugby ?

juillet 2020

Le rugby a repris ses droits il y a quelques semaines de l’autre côté du globe, en Nouvelle-Zélande d’abord, puis en Australie. Malgré le plaisir de voir ce sport faire son retour (avec même parfois du public dans les stades), il a fallu accepter quelques changements de règlement et un temps d’adaptation pour tout le monde, spectateurs, joueurs et commentateurs.

Je trouvais intéressant de faire un point sur ces nouvelles règles après plusieurs semaines de compétition.

 

Les nouvelles règles communes à la Nouvelle-Zélande et à l’Australie.

 

La priorité pour le Super Rugby était d’accélérer le jeu. Les rucks interminables, les mêlées à refaire, les différentes stratégies pour gagner du temps devaient progressivement être bannis du jeu pour augmenter son rythme et améliorer le spectacle.

Les rucks.

Le changement le plus marquant est donc cet arbitrage autour de la période des rucks (appelée breakdown en anglais et décrivant une période allant du plaquage à l’éjection du ballon). C’est ici que ce sont concentrées la majorité des pénalités depuis la reprise et la majorité de l’incompréhension également. Après quelques matchs, les équipes commencent à trouver leur rythme et le nombre de pénalités est presque revenu à la normale.

Quelles sont ces règles ?

Pour être bien clair, ce ne sont pas de nouvelles règles qui ont été éditées pendant le confinement mais simplement une application plus stricte du règlement alors que les arbitres étaient de plus en plus tolérants.

Les piliers majeurs sont :

  • Le plaqueur doit immédiatement sortir de la zone soit en direction de la ligne de touche soit vers son camp.
  • Toute entrée sur le côté sera directement pénalisée (arbitré très rigoureusement, on l’a encore vu ce week-end avec Beauden Barrett pris plusieurs fois par la patrouille).
  • Interdiction de plonger ou de se coucher sur le ballon pour le protéger.
  • Lorsque l’arbitre demande au demi-de-mêlée d’utiliser le ballon, ce-dernier aura 3 secondes (à la place de cinq auparavant) pour utiliser le ballon.

Comme vous pouvez le constater, ces règles ne sont pas révolutionnaires et existaient déjà. Cependant les arbitres les appliquent dorénavant avec énormément de sévérité permettant aux rucks d’être en effet plus propres.

Le point en or.

Lorsque le score d’un match est nul à la fin du temps réglementaire, les deux équipes s’affronteront pendant deux périodes de cinq minutes supplémentaires pour essayer de se départager. La première équipe à marquer, de quelque manière que ça soit, gagne le match. Il peut être utile de préciser que si un essai est marqué, la transformation ne sera pas tentée.

Nous avons eu ce premier cas de point en or lors du match entre les Rebels et les Reds après l’égalisation des Reds sur la sirène. Ce point de règlement laisse pour l’instant les observateurs dubitatifs, en effet les équipes ont préféré ne pas perdre plutôt que de tenter de gagner. Ces dix minutes supplémentaires ont surtout été l’occasion de nombreux jeux au pied.

Matt Toomua (demi d’ouverture des Rebels) a été interviewé à ce sujet et a confirmé que son équipe n’aurait jamais pris le risque d’être pénalisé ou de perdre le ballon dans son camp. Selon lui, il faut transformer cette règle du point en or en une règle de l’essai en or pour obliger les équipes à tenter leur chance et à jouer.

Le carton rouge.

Un joueur ayant écopé d’un carton rouge pourra dorénavant être remplacé après 20 minutes par un autre joueur.

Cette règle a fait énormément parler puisqu’elle mettrait en danger l’intégrité du jeu et serait une injustice pour l’équipe subissant la faute. Elle aurait été poussée par les néo-zélandais choqués par le carton rouge reçu par Benjamin Fall lors d’un test-match Nouvelle-Zélande vs. France.

Sur ces premiers matchs nous n’avons en tout cas pas eu l’occasion de la voir être appliquée. Difficile de dire qu’elle pousse les joueurs à être plus violents. Ces-derniers seraient de toute façon convoqués en commission de discipline et seraient tout autant durement sanctionnés ou suspendus sur une longue période.

 

Les nouvelles règles uniques à l’Australie.

 

22/50 et 50/22.

Voilà sans doute LE gros changement en termes de règlement mais il ne s’applique qu’à l’Australie. Les premiers matchs nous ont permis d’y voir plus clair et de mieux appréhender cette nouvelle règle.

Si une équipe joue au pied dans ses 22 mètres et que le ballon rebondit avant de sortir en touche dans la moitié de terrain adverse, alors l’équipe ayant joué au pied récupère la touche.

Si une équipe joue au pied dans sa moitié de terrain et que le ballon rebondit avant de sortir dans les 22 mètres adverses, alors l’équipe ayant joué au pied récupère la touche.

Voilà en deux phrases ce qu’implique cette règle. Karmichael Hunt en a fait une démonstration magnifique lors du match Waratahs vs. Force avec deux coups de pied parfaits lui permettant de récupérer la touche dans le camp adverse.

Le point de vigilance de cette règle est le même que pour la règle classique du coup de pied tapé directement en touche. Le ballon ne peut être « rentré » dans ses 22 mètres ou dans sa moitié de terrain avant de jouer au pied. Sinon la touche reviendra de manière classique à l’équipe adverse.

La disparition du « mark ».

Lorsqu’un joueur captait un ballon de volé dans ses 22 mètres, il avait jusqu’à maintenant la possibilité de demander un « mark » afin d’arrêter le jeu et de reprendre par un jeu au pied à l’endroit du mark.

Dorénavant, un joueur ne pourra plus demander un mark dans ses 22 mètres si le coup de pied a été tapé dans ces mêmes 22 mètres par l’équipe adverse. Il ne pourra le faire que dans son en-but.

Cependant, il pourra toujours le faire si le coup de pied a été tapé d’un autre endroit sur le terrain.

Cette règle a pour objectif d’encourager les jeux au pied près des lignes pour dynamiser le rythme.

La raréfaction des mêlées à 5 mètres.

Si un joueur attaquant rentre dans l’en-but avec le ballon, la défense n’avait plus que deux solutions pour empêcher l’essai d’être marqué : glisser ses mains entre l’en-but et le ballon ou retourner le joueur sur le dos pour l’empêcher d’aplatir. Ce genre d’action donnait ensuite lieu à une mêlée à 5 mètres en faveur de l’équipe attaquante.

Dorénavant, si une telle situation se produit, l’équipe défendant récupère le ballon et doit le dégager par un drop sur sa ligne d’en-but.

Une équipe aplatissant dans son en-but un jeu au pied de l’adversaire ne pourra plus profiter d’un renvoi au 22 mètres mais il sera remplacé par un renvoi sur sa ligne d’en-but, sur le même modèle qu’expliqué précédemment.

 

Conclusion

 

L’objectif avoué de ces règles est d’accélérer le jeu et d’encourager l’attaque et le spectacle. Nous n’avons pas encore assez de recul pour juger de l’efficacité de ces règles par rapport à ces objectifs mais j’espère que ces lignes vous permettront déjà d’y voir plus clair lors des matchs de Super Rugby du prochain week-end.